Les Fleurs de l’invisible
Hommage à Michèle Riffard
Une proposition “art & médiumnités” au 7,5 Club, Paris
14 janvier – 14 avril 2016
Charley Case, Décollage (à Michèle Riffard), fixé sous verre, 2015
« Les artistes sont très haut dans l’échelle de la médiumnité. Sans forcément le savoir » nous dit Michèle Riffard, doyenne des mediums française disparue en 2014*. Mais, quelle place tient ce « don » dans l’art d’un point de vue historique et dans la création contemporaine en particulier ?
Quelques artistes utilisent certaines formes de médiumnité (ou de métagnomie) en toute conscience. D’autres ne font qu’effleurer cette réalité pas toujours facile à accueillir et à vivre. Pas aisée non plus à révéler. D’autres encore n’en ont pas vraiment conscience ou la refoule. Alors que certains ne font que l’évoquer ou l’utiliser en citant l’Invisible à comparaître de façon plus ou moins distante, ironique ou critique.
La métagnomie est la connaissance des choses tenues pour êtres normalement inconnaissable. La capacité métagnomique humaine, avérée et vérifiée dans d’innombrables expériences, recouvre certaines formes de perceptions extrasensorielles comme la clairvoyance, la clairaudience, ou le fait de voir à distance, dans le passé, comme dans le futur. Ce qui peut également être assimilé à des formes de vision, de télépathie ou de précognition. Ou plus traditionnellement, de voyance et de divination.
Toujours est-il qu’un nombre croissant d’artistes contemporains associent d’une manière ou d’une autre, ces phénomènes de l’Invisible à leur travail. Ce qui permet aussi de refonder bien des esthétiques. Pourtant cette réalité culturelle n’a que rarement été abordée ou explorée en profondeur. Tant du point de vue de l’histoire de l’art que de l’art contemporain.
L’une des causes de cet évitement est sans doute liée à notre culture de la raison objective et matérielle qui s’est établie à partir la fin du XVIIe siècle, souvent en opposition aux cultures de l’Invisible. Cette réalité historique est d’ailleurs toujours recouverte par un important refoulé alors que l’intérêt des artistes et du public pour les cultures de l’Invisible fait un retour important actuellement. Notamment depuis que la scène de l’art s’est ouverte aux cultures extra occidentales, pour la plupart toujours empruntes de formes d’animisme. Un Invisible qui fait retour jusque dans les sciences les plus dures au moment même où une certaine Raison montre ses limites tant du point de vue économique et environnemental, que sociétal et culturel.
Si bien que l’Invisible semble correspondre à une réalité originelle et fondamentale de l’art et du processus créatif, que nous connaissons finalement assez peu et que redécouvrent actuellement les préhistoriens. C’est aux différents aspects de cette réalité que se consacre le Musée de l’Invisible depuis son exposition inaugurale début 2014 (Astralis, à l’Espace Culturel Louis Vuitton). Jusqu’à ses développements les plus récents avec le lancement d’un Manifeste de l’arbre à la Biennale de Salvador de Bahia au Brésil ou l’inauguration d’une Académinérale à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne Rhône-Alpes en juin 2015.
Aujourd’hui, à l’occasion de cette exposition au 7,5 Club à Paris, il s’agit d’ouvrir un axe important du Musée de l’Invisible avec la préfiguration de son département « art & médiumnités ». Avec une exposition véritablement expérimentale qui accompagne la sortie d’un livre d’entretiens avec la célèbre médium Michèle Riffard intitulé « Les Fleurs de l’Invisible ».
Une co édition avec les Edition JMG/Le Temps présent à laquelle ont été associés deux artistes, Marion Laval-Jeantet du duo Art Orienté Objet et Charley Case. Leurs contributions sont exposées au 7,5 Club avec d’autres travaux d’artistes sensibles à ces problématiques comme Myriam Mechita, Vidya Gastaldon ou Camille Renarhd, dans une forme d’hommage rendu à Michèle Riffard un peu plus d’un an après sa disparition.
Vidya Gastadon, Healing painting (le Royaume), huile sur toile, 2014
En écho aux propos de la médium, les œuvres plastiques des artistes seront accompagnées d’une série de performances associées à des interventions de diverses personnalités liées à l’Invisible (chercheurs, médiums, historiens…), dans une programmation qui va se développer pendant les trois mois de l’exposition.
Ce qui permettra d’esquisser un programme de recherche et de création dédié au rapport « art & médiumnité » que le Musée de l’Invisible envisage de développer par la suite sous la forme d’expositions et de projets expérimentaux.
Ce rendez-vous inaugural au 7,5 Club (mitoyen d’une adresse ou Victor Hugo a probablement fait quelques salons spirites dans un Paris du XIX e siècle qui fut l’une des capitales de l’art et de l’Invisible), est ainsi l’occasion d’explorer certaines questions : que vivent les artistes au contact de l’Invisible ? Comment leurs œuvres adviennent-elles ? Que nous disent-elles et comment les interpréter ? A quelles réalités cognitives sont-ils et sommes-nous confrontés ? Et surtout, comment traiter de ces réalités invisibles avec une épistémologie adaptée propice à une nouvelle théorie de la connaissance et du vivant ?
Autant de questions passionnantes et fascinantes qui participent d’un renouveau artistique et culturel important, auquel il est temps d’apporter une contribution constructive. Et réparatrice.
Pascal Pique, Le Musée de l’Invisible
Titre de l’exposition : Les fleurs de l’Invisible – art & médiumnités
Dates : début 14/15 janvier – 16 avril 2016
Artistes présentés : Charley Case, Aurélie Dubois, Vidya Gastaldon, Marion Laval-Jeantet, Myriam Mechita, Camille Renarhd,
Publication : Les Fleurs de l’Invisible, entretien avec Michèle Riffard, co-édition Les Editions du Temps présent / Le Musée de l’Invisible
Commissariat : Pascal Pique, Le Musée de l’Invisible à l’invitation de Isabelle Suret, présidente du 7,5 Club
*Extrait d’un entretien avec Michèle Riffard, « Au-delà des étoiles », par Pascal Pique, revue Parascience N° 90, octobre 2013.
L’EXPOSITION AU 7,5 CLUB SE VISITE SUR RENDEZ-VOUS
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