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PRESENTENTATIONS INTERVENANTS COLLOQUE ART,INVISIBLE & NATURE 

UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON SORBONNE – INSTITUT ACTE
11-12 JANVIER 2023 – INHA INSTITUT NATIONAL D’HISTOIRE DE L’ART- PARIS
& Topographie de l’art / exposition Art & méditation, pour une écologie de l’esprit

Arnaud Morvan
L’écho des sables. Les cartographies totémiques aborigènes (Australie).
Le continent australien est maillé de lignes de chants qui évoquent des voyages marquant par des toponymes sacrés, des milliers de sources, de rochers, d’arbres et autres éléments topographiques. « Non-lieux » en apparence, ils s’avèrent être, pour les peuples du désert central ou du Kimberley, des lieux en devenir, réactualisés par les rituels produisant des images plurielles (visuelles, sonores et cinétiques) d’événements géologiques, climatiques, et historiques alliant humains et non humains, avant ou depuis la colonisation.
Ces images qui s’actualisent sous diverses formes (peintures corporelles, dessins sur le sable, peintures sur écorces ou toiles), sont en partie issues de révélations oniriques connectant les humains à un espace-temps, appelés Tjukurpa, mémoire virtuelle de la création du monde.
Elles relient les humains et les espèces non-humaines totémiques (animales, végétales, minéraux) à des lieux en marquant leur interdépendance et leur devenir commun. Ces attachements multi-espèces forment une cartographie totémique qui s’étend sur tout le continent australien.
La présentation insistera sur la façon dont les pratiques artistiques aborigènes contemporaines rendent visible ce réseau de connexions totémiques et participent aux maintiens de savoirs écologiques anciens.
Arnaud Morvan est Docteur en anthropologie, chercheur affilié au Laboratoire d’Anthropologie Sociale et à la Melbourne School of Population and Global Health (University of Melbourne), Arnaud Morvan mène depuis quinze ans des recherches sur les formes artistiques et rituelles aborigènes australiennes, les pratiques totémiques et les relations humains-animaux à partir de plusieurs enquêtes de terrain en Australie, en Asie et en Europe. Ses recherches les plus récentes en humanités environnementales l’ont amené à travailler sur les relations entre humains, chauves-souris et virus, compris comme des assemblages multi-espèces. En tant que commissaire, conseiller scientifique, ou scénographe, il a participé à une dizaine d’expositions permanentes ou temporaires dans différents musées en France et en Australie, consacrées aux arts contemporains non occidentaux.

Jean-Christophe Goddard
“La raison majeure, selon Kopenawa, pour laquelle les Blancs n’ont de cesse de détruire la forêt est qu’ils « ne cessent de fixer leurs regards sur les dessins de leurs discours et de les faire circuler entre eux, collés sur des peaux de papier », qui sont comme des « peaux d’images », et, que, ce faisant, ils « ne scrutent ainsi que leur propre pensée et ne connaissent que ce qui est à l’intérieur d’eux-mêmes », « ignorent les paroles lointaines d’autre gens et d’autres lieux » et ne savent plus rêver que d’eux-mêmes. Le concept de « peaux d’images » est un puissant concept critique. Il désigne d’abord « ce que les Blancs nomment papier ». Mêlant deux termes qui appartiennent à deux champs lexicaux parfaitement incompatibles, celui des images (utupë) qui ont trait aux « esprits » (xapiri) ou « spectres » chamaniques auxiliaires ancestraux (dont le psychotrope végétal ingéré par le chaman, la yãkoana, fait danser et chanter les images anthropomorphes lumineuses), et celui de la peau (siki) vouée à l’inscription des seuls dessins abstraits ornementaux destinés à en masquer « la laideur » et la couleur « grisâtre », l’expression « peau d’images », comme les expressions, équivalentes de « peau des arbres » ou « peau de forêt » (urihi siki), signifie l’écorchage meurtrier du vivant qu’est le système terre-forêt Yanomami, par l’extraction et le broyage mécanique du bois qu’exige la fabrication du papier. Et puisque l’écorchage de la forêt est aussi la destruction de l’humanité des humains dont elle est le garant, les expressions/traductions Yanomami forgées par Kopenawa pour désigner l’épistémè blanche du papier imprimé l’apparentent à cette figure ancienne de l’altérité ennemie répandue des Andes à l’Amazonie, celle du pishtaco, un tueur écorcheur, dépeceur d’indiens.”
Jean-Christophe Goddard est Professeur de philosophie à l’Université de Toulouse Jean Jaurès où il coordonne le consortium international Erasmus Mundus EuroPhilosophie (recherche et formation à la recherche) et le séminaire “Penser les décolonisations” en partenariat avec l’Université Catholique de Louvain. Il a organisé en 2016 un Congrès mondial à Toulouse sur la décolonisation de la pensée et en 2018 et 2021, avec le chorégraphe James Carlès le Festival international Corpus Africana. Ses travaux portent sur l’idéalisme allemand, l’anthropologie critique (principalement amazonienne), la philosophie africaine et les littératures brésilienne et d’Afrique francophone. Il est l’auteur de “Brésilien noir et crasseux”, paru en édition bilingue aux éditions n-1 à Sao Paulo”.

Philippe Deloison
« L’Invisible et la nature ne peuvent se concevoir qu’à travers la transparence et la médiumnité de l’esprit. Dans la nature, des forces sont en jeu, que nous ignorons où que nous ne voulons pas voir. Pour cela, il faut remonter très loin dans l’Art des Aurignaciens, vers 35000 ans. Ces chamanes ont un style, que l ‘on retrouve tout au long de l’histoire de nos ancêtres en France.
Je parlerai pour les Aborigènes d ‘Australie, de médiumnité, encore plus intense, à travers leurs dessins aux rayons X. Pour ces ancêtres, les animaux sont des compagnons très intimes, voir divins, ainsi que les arbres et les rochers. La nature étant ” un tout indivisible. » PD.
Philippe Deloison est diplômé de l’Ecole Boulle. Créateur en joaillerie pour la Place Vendôme il a suivi une double carrière de peintre médiumnique. Redécouvert pour l’exposition Entrée des médiums de Hugo à Breton à la Maison Victor Hugo à paris il a exposé depuis au La Panacée à Montpellier, au Musée Gassendi à Digne-les-Bains, au Centre régional d’art contemporain de Sète et à Topographie de l’art à Paris.

Marie-Agnès Courty
Cette présentation propose de concilier la démarche transdisciplinaire de la triade Art/Invisible/Nature avec la connaissance de nanoobjets, produits des forces vitales de la terre, pour explorer les multiples facettes d’un patrimoine mémoriel au carrefour des mondes vivant et minéral.
Ces matériaux sont synthétisés par les dynamiques vibrationnelles de nanofeuillets dans tout milieu sous l’effet de l’ionisation par irradiation et décharges électriques. Ces phénomènes naturels sont tracés dans l’atmosphère et à la surface de la terre par des assemblées durables de nanoparticules en nanocomposites polymères.
Le cas des cratères d’impact de Henbury dans les NW territories (Australie) illustre les liens étroits entre empreinte au sol de ces phénomènes vibrationnels et structuration de territoires sacrés dans le monde aborigène.
Le cas du site Néolithique pré-céramique Tell Dja’de sur les rives de l’Euphrate, (Syrie du nord) montre l’intégration des produits de phénomènes vibrationnels à la réalisation artistique d’espaces architecturés sacrés et aux rites associés par les premières communautés agricoles à l’aube du monothéisme.
La découverte d’une gestion méticuleuse par les abeilles mellifères des nanomatériaux issus de ces phénomènes vibrationnels ajustée à chaque produit de la ruche ouvre un questionnement sur la connexion ancestrale du monde vivant aux forces vitales de la terre et sur la symbolique d’éternité de matériaux durables.
Marie-Agnès Courty : CNRS-UPR 8521 PROMES. Procédés, Matériaux et Energie Solaires. Rambla de la Thermodynamique. Tecnosud. 66100 Perpignan.
 Jean-Michel Martinez : UPVD-UPR 8521 PROMES. IUT Génie Biologique, 77 Chemin de la Passio Vella, 66100 Perpignan.
Suite à leur découverte originale d’une production dans l’atmosphère de nanomatériaux par ionisation des aérosols, Marie-Agnès Courty et Jean-Michel Martinez s’appuient sur les compétences en Énergie Solaire du laboratoire CNRS PROMES pour coordonner des recherches à l’interface de la physique, des géosciences, des sciences environnementales, des sciences du vivant, des sciences médicales, de l’histoire et de l’archéologie. Leur objectif est de tracer l’impact actuel et passé sur l’environnement et sur la santé humaine des phénomènes électrostatiques, en particulier sur les produits de la ruche.

 Marc Henry
Il existe un mythe tenace en sciences selon lequel l’eau serait une substance très simple répondant à la formule H2O. Rien n’est plus faux. Une telle substance existe bel et bien, mais uniquement en laboratoire avec un coût dépassant plusieurs millions d’euros pour un gramme d’eau. Car, l’eau avec laquelle nous sommes en contact tous les jours n’est pas vraiment de l’eau H2O. La physique quantique nous apprend que c’est en fait un subtil mélange de matière (molécules d’eau, gaz dissous, minéraux variés, substances organiques diverses et colloïdes à haut poids moléculaire), d’éther (appelé aussi “vide quantique”) et de lumière (rayonnement centré sur la partie infrarouge du spectre électromagnétique). Raison pour laquelle, j’ai appelé cette substance sans laquelle aucune forme de vie ne pourrait exister : “L’eau morphogénique”. Le problème est que vu sa composition chimique extrêmement variable, l’eau morphogénique peut prendre de multiples aspects qui n’évoquent en rien l’eau liquide. C’est donc bel et bien une substance invisible à nos sens, et que seule notre conscience peut conceptualiser. Prendre conscience de l’existence de l’eau morphogénique permet donc de mettre sur un pied total d’égalité : science, art et philosophie. La conférence donnera de multiples illustrations de toutes ces facettes de l’eau morphogénique. On parlera aussi des applications en médecine, en agriculture, en musique et en symbolisme. Car, la physique quantique nous apprend que ce qui est visible est illusoire et éphémère. La stabilité et la réalité des choses se trouve donc dans cet invisible appelé “Eau morphogénique” formée de vide quantique à plus de 99%.
Marc Henry est professeur des universités émérite et ingénieur chimiste (1980), docteur ès science (1988), habilité à diriger les recherches (1993) et professeur des université depuis 1993 (Web of Science Researcher ID: A-8189-2008, ORCID 0000-0003-2047-9058). Il a publié 164 articles dans des revues scientifiques avec comités de lecture comptabilisant environ 12 000 citations. Chercheur essayant de comprendre l’eau sous tous ses aspects: physique, chimique, biologique en relation avec les phénomènes électromagnétiques, mais aussi historien des sciences et épistémologue ainsi que philosophe essayant de comprendre l’émergence du phénomène de conscience en relation avec la physique quantique.
Site Web officiel : https://marchenry.org  Smartphones : http://www.vickyapp.org/  YouTube : www.youtube.com/user/marchenry13  Réseaux sociaux:
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Ernst Zürcher
Le vivant se révèle dans ses différentes formes par une caractéristique fondamentale : il pulse. De ce fait, les structures qu’il élabore ont souvent un aspect rythmique, parfois même une géométrie ouvrant des perspectives inattendues, aux dimensions cosmiques. L’étude du vivant ne peut donc rendre compte de la totalité des phénomènes que si le facteur « temps » y est intégré – lorsque la biologie devient chronobiologie. Il s’agit donc d’introduire le vibratoire sous ses différentes formes dans le champ d’investigation. Des exemples tirés d’une part du domaine des pulsations électriques dans les arbres, d’autre part de celui de l’acoustique nous font réaliser la puissance de cette approche. Certains savoirs issus d’anciennes cultures apparaissent alors sous une nouvelle lumière, et enrichissent la recherche moderne et notre rapport au monde d’impulsions inattendues.
Ernst Zürcher est Ingénieur forestier et Docteur en sciences naturelles. Professeur émérite en Sciences du Bois à la Haute école spécialisée bernoise, il est jusqu’à récemment chargé de cours à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, à l’École Polytechnique Fédérale de Zürich, ainsi qu’à l’Université de Lausanne. Il poursuit ses recherches sur les arbres et le bois, en particulier leur chronobiologie, leurs potentiels de séquestration de carbone et leurs contributions aux systèmes vivants.

Olivier Raud
Le design énergétique développé par Olivier Raud repose sur la polarité naturelle qui existe dans toute matière. L’activation de la polarité peut amener à des états de relaxation, de conscience modifiée ou de méditation d’une très grande qualité. Cela occasionne également une dynamisation du vivant, qu’il soit végétal ou animal, semble-t-il à travers le vecteur de l’eau. La polarité a également une action bénéfique sur la créativité humaine et celle de la nature en général. L’une des applications les plus convaincantes de la polarité se trouve dans certaines activités de soin que développe Olivier Raud à partir de ses œuvres créations de design, de sculptures et d’environnements. Son activité concerne autant la fabrication de lits, de plateaux de dynamisation multifonction, de ruches, de tonneaux pour la vinification biodynamique et désormais de maisons avec des architectures qui ouvriront bientôt sur de véritables projets d’urbanisme.
Olivier Raud est designer, architecte, artiste et inventeur. Il travaille sur la polarité naturelle depuis une vingtaine d’années en développant un travail novateur et visionnaire. Il a exposé récemment au Centre d’art contemporain de Lacoux dans l’Ain, au CRAC à Sète, au Musée Gassendi à Digne les bains, au centre d’art contemporain du Parvis à Ibos, à Topographie de l’art à Paris, à l’Espace de l’art concret de Mouans-Sartoux ou au Musée de la Vieille Charité à Marseille.

Bertrand Méheust :
« Après un rapide bilan des concepts et des acquis des sciences psychiques sur la question de la médiumnité, et un coup d’œil sur leurs implications dans les divers domaines de la connaissance, mon propos se concentrera d’abord, pour épouser la trajectoire du colloque, sur les travaux pionniers que le docteur Osty, le directeur de l’IMI, a consacrés dans les années trente à l’art médiumnique. On regroupait alors sous ce terme des productions “artistiques” exécutées par des sujets souvent plongés dans des états de transe à la faveur desquels pouvaient se manifester des pouvoirs paranormaux, comme celui, par exemple, de voir et de peindre dans l’obscurité totale, ou de mettre en scène à leur insu dans des textes littéraires des flashs prémonitoires.
Ensuite, dans la dernière partie de mon exposé, je montrerai comment on peut utiliser les connaissances de la métapsychique pour éclairer des œuvres littéraires ou des formations culturelles. L’empreinte des débats et des faits de la métapsychique est décelable dans des œuvres qui n’ont été jamais été examinées sous cet angle. Plusieurs cas de figure sont alors observables. Certains auteurs ont pu vouloir crypter leur propos, mais la structure a pu aussi s’imposer à eux à leur insu, et, dans le cas de l’œuvre de Proust, on hésite sans cesse entre ces deux hypothèses. Mais chez certains écrivains, comme Morgan Robertson, ce sont des expériences auto prémonitoires qui semblent s’être glissées dans leurs écrits. » Bertrand Méheust
Bertrand Méheust est docteur en sociologie, ancien professeur de philosophie et membre du comité directeur de l’Institut métapsychique international. Spécialiste de l’histoire de la parapsychologie, il mène une réflexion sur les tabous de la connaissance à travers ses nombreux ouvrages de référence : Jésus thaumaturge, Les miracles de l’esprits, Somnanbulisme et médiumnité, Un voyant prodigieux, Alexis Didier, ou Devenez savant, écoutez les sorciers.

Sandra Lorenzi
Si Wittgenstein à la fin du Tractatus ouvre aux artistes la voie royale du langage qui s’exprime par le faire, il repousse en revanche l’indicible aux limites des mondes. Il y a assurément de l’indicible. Il se montre, c’est le Mystique. (2) “Le Mystique” a été un bien grand mot pour désigner ce qui ne peut être dit. Il faut bien admettre qu’il a fait son travail et son temps, générant au mieux de l’imaginaire, au pire du non-dit. Aujourd’hui, l’art s’émancipe des pensées pour s’appuyer davantage sur les pratiques qui mettent au travail les vivants (3). À cet endroit, la médiumnité en tant que pratique implose les limites de nos projections, renouvelle les cadres de nos relations. En tant qu’artiste médiumnique, la médiumnité n’est pas un outil de plus à ma disposition. C’est bien plutôt moi qui me tiens à disposition de cette médiumnité, qui va et vient au gré de ses respirations. Comment alors expliquer cet art qui se situe non pas aux limites mais au milieu des mondes ? L’art, comme médium du médium, s’occupe tout au temps de son langage que de ses injonctions. Il nous offre ici les moyens de revenir vers nos pensées et nos actions avec comme seul postulat : sur ce dont on ne peut parler, il faut garder la voie.
(1). Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 6.54, p 112, ed Tel Gallimard, 1993
(2). Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 6.522, p 112, ed Tel Gallimard, 1993
(3). L’expression empruntée à Vinciane Despret, à travers son enquête sur les “entités fragiles”
Sandra Lorenzi est artiste et poétesse. Diplômée de l’école nationale supérieure d’art de la Villa Arson (Nice), en 2009, son travail a été montré depuis dans des institutions en France et à l’étranger (Palais de Tokyo, Bozar, Laznia Center for Contemporary Art, South African National Gallery, Institut d’art contemporain, Mac Lyon…). Elle est chargée d’enseignement à l’école supérieure des arts d’Annecy Alpes (ESAAA). Ses œuvres plastiques et poétiques mettent en critique et en regard nos cultures des mystiques traditionnelles et contemporaines. Elles donnent voix et présence aux entités vivantes enquestionnant leurs rapports de forces et d’expressions (énergétiques et transhistoriques). Elles proposent une translation vers de nouveaux imaginaires et pratiques de nos spiritualités.

Marion Laval-Jeantet
« La philosophie parle rarement à la deuxième personne, c’est-à-dire en adoptant le point de vue de l’autre. C’est une méthodologie plus généralement admise par l’anthropologue ou l’ethnopsychologue qui se doit de rapporter ce qui lui est étranger, mieux, de l’analyser en prenant le récit de l’autre comme hypothèse de départ. C’est aussi la position du chamane ou du médium qui laisse l’autre, dans son intangibilité d’esprit ou d’entité, parler à sa place. Quelles nouvelles voies pour la philosophie et l’anthropologie peut bien ouvrir une discussion entre philosophe et chamane à la deuxième personne ? » MLJ.
Marion Laval–Jeantet est Professeure à l’université Paris I–Panthéon Sorbonne, bio-artiste et performance au sein du duo Art Orienté Objet, et chercheuse en bio anthropologie et en ethnopsychiatrie. Son travail artistique s’intéresse au lien de l’homme au vivant non-humain, en particulier à l’animalité, à la barrière inter-espèces, et aux entités invisibles. Elle a écrit le Manifeste du slow Art en 1997, et le Manifeste du Bioart avec Eduardo Kac en 2007, a cofondé l’association culturelle environnementale Veilleurs du monde en 1998. Elle a publié récemment Bioart et éthique, éditions C.Q.F.D., 2019 ; No man’s land, éditions C.Q.F.D. 2019 ; Iboga, invisible et guérison, Georg, 2008.

Dominique Lestel
Les esprits sont-ils des alliés politiques ? La question de l’Invisible est à la fois une question épistémologique (que sont les esprits et comment les connaître), une question politique (Bodin réalise pleinement au XVIe siècle que l’Etat moderne ne peut tolérer les sorciers) et une question existentielle (en quoi interagir avec des esprits transforme ma vie). La difficulté du phénomène réside dans le fait que les trois dimensions sont inextricablement liées les unes avec les autres. Depuis des années, nous poursuivons ensemble un dialogue autour de ce phénomène. Pour cette séance, nous voulons interroger les liens qui entremêlent question politique et question épistémologique en se demandant ce que peut signifier le rejet de ce phénomène dans l’Université à partir de deux hypothèses : d’abord que l’Etat moderne, comme l’Eglise dont il est le prolongement laïc, a compris que les « connectés » constituent un contre-pouvoir qu’il ne sait pas gérer autrement qu’en l’éradiquant et en le dénigrant ; ensuite, que le « moment décolonial » contemporain annonce la possibilité de retrouver une certaine légitimité à l’étude un phénomène que les bureaucraties du savoir jugent trop ambigu.
Dominique Lestel est philosophe, enseigne la philosophie contemporaine au sein du département de philosophie de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et fait partie des archives Husserl. Il s’inscrit dans un courant constructiviste non relativiste qui trouve sa source dans le travail du philosophe napolitain Giambattista Vico, et dans celui de penseurs contemporains comme Isabelle Stengers ou Francisco Varela. Il cherche à développer une « philosophie de terrain » très influencé par David Thoreau, les philosophes environnementalistes scandinaves (Arne Naess), américain (Paul Shepard), australiens (Val Plumwood) et des philosophes non université comme Günther Anders.

 

Erik Nussbicker
Erik Nussbicker abordera différents aspects de sa recherche à partir d’un échantillon représentatif de ses réalisations qu’il présentera à l’occasion de ce colloque. Comme les Gongs et flûtes prophylactiques, les ex-voto de guérison, ou L’instrumentarium du Cerf, réalisation qui touche à l’ostéologie, la lutherie, l’ethnomusicologie, l’archéologie, l’histoire de l’art. Ses œuvres insérées dans l’environnement naturel ou culturel reflètent un état d’être, interrogent les peurs ataviques suscitant parfois le questionnement ou l’émerveillement. L’artiste ritualise ainsi les signes et les épreuves du quotidien en matérialisant un récit vecteur d’unicité. À la croisée du profane et du sacré, ses travaux nous invitent à regarder au-delà des apparences du mental. Ses œuvres liturgiques, méditatives et vivantes se matérialisent ainsi par des dispositifs sensibles et holistiques pour éprouver notre regard sur la mort, les limites de notre enveloppe charnelle et notre place dans l’univers.
Erik Nussbicker est artiste plasticien, performeur musicien, et scénographe. Il enseigne dans différentes écoles nationales supérieures d’arts. Il a exposé au Jeu de Paume, au Centre Georges Pompidou, au Palais de Tokyo, au Musée de la Chasse et de la Nature, à la Conciergerie de Paris, au CAPC de Bordeaux, à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon et à la Philharmonie de Paris / Musée de la Musique.

Pascal Pique
L’un des enjeux actuels de la reprise et du développement d’une méta-esthétique, comme celle de Etienne Souriau (fondateur de l’institut d’Esthétique et des Sciences de l’Art de la Sorbonne 1882-1979),  est de rétablir une continuité de perception, de vision, de pensée et d’action entre la condition contemporaine, la nature et le non-humain. Tout en revisitant les cultures et les dynamiques de l’Invisible considérées à la fois comme patrimoine énergétique et instances de reconnexion. C’est alors qu’apparaît une forme d’esthétique qui déborde le strict cadre spéculatif de la philosophie occidentale au profit d’une méta-esthétique de l’art et de son histoire. Une méta-esthétique à dimension énergétique dont le champ d’application est loin de se limiter aux seuls domaines de l’art et du texte, puisqu’il s’agit d’une esthétique de l’écoconception à dimension environnementale pouvant concerner tous les domaines de l’activité humaine et non humaine. C’est dans ce processus que s’est engagé le Musée de l’Invisible depuis 2013 sur la base d’une programmation expérimentale d’expositions, de publications, de conférence et de workshops à laquelle participe ce colloque.
Pascal Pique est doctorant en Sciences de l’art/esthétique à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, historien de d’art, critique d’art et commissaire d’expositions. Après avoir dirigé le département art contemporain et diffusion régionale au musée des Abattoirs à Toulouse puis le FRAC Midi-Pyrénées, il a créé le Musée de l’Invisible comme laboratoire d’une méta-esthétique de l’art, de l’Invisible et de la nature qui s’élabore à partir d’expositions, d’événement et de publication : Dreamtime, grottes, art contemporain et Transhistoire, L’arbre visionnaire, Astralis, Athanor, petite suites alchimiques, Art & médiumnité, Pierres de Vision, L’arbre visionnaire et Le manifeste de l’arbre, (Palais L’abeille blanche, Energéïa, Géométries de l’Invisible.

Françoise Bonardel
Dans son ouvrage « Prendre soin de soi, enjeux et critique d’une nouvelle religion du bien-être » (éditions Almora, 2016), Françoise Bonardel part du constat que l’idée que tout être humain ait à prendre soin de lui-même est devenue centrale aujourd’hui. Ce dont témoigne la pensée américaine du «care». Mais que signifie «prendre soin de soi-même» ? Retrouver le calme, se sentir en sécurité, redécouvrir son corps, développer sa créativité et pourquoi pas renouer avec le sacré ? Le but de l’ouvrage est de donner une assise philosophique, psychologique et spirituelle à ce besoin de «soin».
Françoise Bonardel nous rappelle que ce soin à soi-même était déjà présent dans la philosophie antique et elle nous dresse le développement de la notion jusqu’à l’époque moderne. Elle se demande aussi si cet intérêt à soi ne cache pas finalement un égoïsme voire une forme de dandysme ; elle s’attache donc à nous montrer comment entretenir ce réel souci de soi dans le quotidien et notamment dans les périodes de crise.
L’auteur ouvre enfin la question du soin de soi à la dimension religieuse et sacrée ; pour les mystiques cette expression de soin de soi-même revient à inscrire son devenir dans un processus de transformation et de maturation jusqu’à une ouverture vers la splendeur du Grand Soi. Ce livre nous présente pour la première fois en français une perspective complète et pratique sur le soin de soi-même.
Françoise Bonardel  est philosophe, essayiste, et professeur émérite à l’Université de Paris-I-Sorbonne où elle a été professeur de Philosophie des religions à de 1989 à 2009. Elle est membre de l’Institut d’Etudes Boudhiques et auteur d’une quinzaine de livres et de très nombreuses contributions à des revues et ouvrages collectifs.  Elle a trouvé une source de réflexion et d’inspiration dans certaines traditions anciennes (gnose, hermétisme, alchimie) dont l’esprit oriente son approche de questions contemporaines comme la transmission, l’identité culturelle, le dépassement du nihilisme et la fin de la modernité.