De Mineralis
Pierres de vision
Basserode – Céline Cléron – Aurélie Dubois – Gaëlle Foray – Alexandre Joly- Gabriel Léger – Myriam Mechita – Jean-Jacques Rullier – Lionel Sabatté – Vladimir Skoda
Commissariat : Pascal Pique
Musée des Arts & Métiers, Paris / hors les murs Yia Art Fair # 5
13 – 25 octobre 2015
L’humain a toujours entretenu une relation particulière au monde minéral. Bien avant l’art des grottes et jusqu’à nos jours, où nombre d’artistes réinventent une vision dynamique du règne minéral. Si bien que l’art des pierres fait un retour remarqué dans la création contemporaine. Afin de mieux percevoir ce phénomène qui n’est pas que d’ordre symbolique, De Mineralis, pierres de visions, s’intéresse à l’une des particularités de cette relation méconnue : quand les minéraux interviennent dans l’économie visionnaire des artistes. C’est pourquoi ce projet rend hommage à la grande mystique Hildegarde de Bingen, qui dès le moyen-âge a étudié, codifié et divulgué les savoirs liés aux pierres de guérison.
Spécialement conçue pour l’écrin de pierre de l’abside romane de St Martin-aux-Champs qui abrite le pendule de Foucault, l’exposition propose un dispositif particulier sous la forme d’une sorte de cromlech, ou de cercle de pierre magique contemporain. Comme pour mieux revisiter la materia prima dont nous sommes issus. Les œuvres présentées réactivent la relation tellurique et énergétique à l’univers, ainsi que les perceptions de type mythique, animistes ou astrales qui procèdent d’une vision réenchantée du monde et de ses constituants premiers, les minéraux. L’accrochage même de l’exposition propose une expérience de l’Invisible qui renvoie aux symboliques de l’arbre de vie ou de l’Alchimie et de la Pierre des Philosophes.
De Mineralis expérimente également une hypothèse de recherche : voir en quoi l’art et les pierres permettent à certains d’entre nous, dont les artistes, de relier différentes strates de réalités supposées. Ce que la physique et les sciences contemporaines envisagent depuis peu.
De Mineralis : une alchimie transhistorique
Le chevet de Saint-Martin aux Champs a été édifié en 1135. Son plan reprend celui de l’ancienne abside romane d’une basilique funéraire du VI siècle. L’édifice a été dédié à la Vierge Mère de Dieu et placée sous la protection de Paul et Pierre, les saints patrons de l’ordre clunisien dont St Martin-aux -Champs est la fille. La chapelle axiale tréflée dans laquelle se déploie l’exposition De Mineralis servait d’écrin à une grande sculpture en bois de vierge à l’enfant, datée elle aussi de 1135.
Le dispositif de l’exposition s’est également inspiré de livre de Umberto Eco, « Le pendule de Foucault » et du plan de l’arbre des séfirots présenté en exergue du roman. Selon certaines interprétations l’arbre séfirotique permet de comprendre l’organicité même de ce type d’édifice, consacré à la circulation des énergies entre le ciel et la terre, que l’architecture de pierre permet de véhiculer. En d’autre termes, la chapelle permettait non seulement de recevoir les énergie cosmique et célestes, mais également des les nourrir pour participer à la mécanique cosmique.
Le plan et le sens même de l’exposition De Mineralis, s’inspirent de la structure et de la symbolique de l’abside et de l’arbre de vie. De Mineralis en reprend la charge et le principe d’une transmutation des énergies. A l’image de l’aventure alchimique à laquelle cette configuration transhistorique renvoie indéniablement. Notamment à travers la figure de la fameuse Pierre des philosophes qui est la quête d’une panacée universelle.
1 Lionel Sabatte – 2 Basserode – 3 Céline Cléron – 4 Alexandre Joly – 5 Jean-Jacques Rullier – 6 Vladimir Skoda – 7 Gaëlle Foray – 8 Gabriel Léger – 9 Myriam Mechita – 10 Aurélie Dubois
1 Lionel Sabatté, Qui, 2015 – Acier, béton et mica 30 x 30 x 45 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
2 Basserode, Stone touched, 2015 – Silex sur socle, 40 X 40 x 130 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
3 Céline Cléron, Sans titre (Yo-yo), 2015 – Fossiles sur socles, 40 X 40 x 110 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
4 Alexandre Joly, Sacred peanuts island, 2011 – Calcédoine, cacahuètes, mousse, dorure, cloche verre40 X 40 x 60 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
5 Jean-Jacques Rullier, Les 24 pierres de soin de Hildegarde de Bingen, 2015 – Dessin, pierre roulées sous verre, socle, 55 cm x 55 cm x 112 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
6 Vladimir Skoda, Sans titre, 1986 – Acier forgé, (mercure), 15 x 35 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
7 Gaëlle Foray, Sans titre (la plage), 2015 – Pierre, photographies découpées 25 x 12 x 8 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
8 Gabriel Léger, Summer Wine, 2015 – Verre et plexiglass sur socle, 40 X 40 x 130 cm – Courtesy galerie Sator et Subtil Collection
9 Myriam Méchita, Les troubles d’Aphrodite, bronze, 2015 – Terre, figurine XIXe, fluorines sur socle 40 X 40 x 110 cm – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
10 Aurélie Dubois
Yggdrasil, 2015 – Pentagone incrusté d’un tronc d’arbre, branche, cristaux de roche, quartz rose, rubis sur fuschite, dents de céramique, œil de verre. Poupée avec boite crânienne ouverte incrustée d’un cristal de roche accompagnée de son chien
Déméter, 2015 – Pentagone peint bleu, noir et or, quartz rose, deux dessins, poupée aux mains incrustées de cristaux de roches – Courtesy l’artiste et Subtil Collection
La première session de l’Académinérale s’est tenue à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne Rhône-Alpes le 12 juin 2015. L’Académinérale est l’un des premiers départements du Musée de l’Invisible. Elle a pour vocation de promouvoir les démarches artistiques, scientifiques, philosophiques ou autres qui expérimentent de nouvelles perspectives sur le monde minéral. Il s’agit d’un projet de création et de recherche, dont les travaux sont restitués au public sous la forme d’expositions ou d’autres manifestations (conférences, séminaires, ateliers, publications). L’évolution actuelle de notre rapport au minéral participe d’une réévaluation de toute l’échelle du vivant et de ses contributeurs, à laquelle notre culture travaille en redéfinissant par exemple le statut de l’animal et du végétal. Les découvertes récentes effectuées par la sonde spatiale Rosetta sur une comète et les rapports supposés entre une origine extra-terrestre du vivant et le minéral participent du regain d’intérêt pour une biologie minérale. C’est à cette vaste entreprise qui doit nous permettre de réinventer notre culture de la nature, de la biodiversité et de l’environnement, que le Musée de l’Invisible entend participer. C’est pourquoi le projet de l’Académinérale à une dimension transculturelle et transdisciplinaire. Notamment quand il fait appel à l’anthropologie et aux cultures de l’Invisible qui envisagent ce règne comme un monde vivant et actif.
De Mineralis est l’occasion de lancer la Subtil Collection dans le cadre de la Yia Art Fair #5. La Subtil Collection est un organe important du Musée de l’Invisible qui a une double vocation artistique et économique. D’abord artistique puisqu’il s’agit de rassembler un corpus ouvert, mobile et changeant d’œuvres qui, progressivement, vont révéler les contours d’un nouveau territoire. Celui de l’art et des dimensions Subtiles (ou Invisibles : vécus mythiques, métacognitions, phénomènes inexpliqués) qui recouvrent certains aspects cachés et méconnus du processus artistique.
La Subtil Collection se consacrant en priorité aux artistes et aux œuvres produites ou montrées, dans le cadre des expositions et des diverses activités du Musée de l’Invisible. D’autres apports correspondant au projet artistique et culturel du Musée de l’Invisible peuvent toutefois êtres abondés.
La Subtile Collection a également une dimension économique dans la mesure ou elle peut fonctionner comme une galerie associative comparable aux « Nonprofit organizations» (NPO). C’est-à dire que les revenus générés par ses activités (vente d’œuvres, conseil, expositions) sont exclusivement destinés à participer au financement des objectifs du Musée de l’Invisible et non à redistribuer des profits ou des dividendes à des tiers ou à d’autres structure. Le Musée de l’Invisible et la Subtil Collection étant régis par une association de type Loi 1901, à but non lucratif et reconnue « d’intérêt général ».
La Subtil Galerie va donc exister dans un premier temps sous la forme d’expositions temporaires, de principe d’activité, et d’une galerie virtuelle mise en ligne sur le site internet du Musée de l’Invisible qui va évoluer en fonction des activités et des expositions du Musée de l’Invisible.